Après l’annonce d’un plan social monstrueux chez le constructeur automobile PSA, nous avons eu l’occasion de lire beaucoup de choses sur Internet, aussi bien sur les journaux en ligne, que sur les blogs (de droite comme de gauche). Nous avons aussi entendu des députés, des ministres, des syndicats, des élus locaux, et la direction de PSA elle-même.
Comme souvent dans de telles situations, on pense tout de suite à la méchante finance qui mange, un par un, les bons travailleurs français, d’autant qu’à l’annonce du plan, l’action a brièvement cru. C’est souvent vrai, mais dans le cas précis de PSA, le problème semble autre. En réalité, PSA va mal, même très mal. La responsabilité de cette situation est certainement à chercher du côté de la stratégie catastrophique que la direction a mis en œuvre depuis plusieurs années, mais également dans les problèmes structurels de l’industrie automobile occidentale.
Porter la responsabilité de son incompétence est peut-être trop difficile pour le Président du Directoire de PSA, Philippe Varin, qui accuse plutôt le coût du travail en France, dans une interview sur RTL ce matin. Non, vous ne rêvez pas : si Peugeot et Citroën sont dans le rouge, c’est parce que le coût du travail est trop élevé. Ce même coût du travail est identique à celui de nos voisins allemands. Nous pouvons donc en conclure que l’industrie automobile allemande est aux abois ?
Que veut-il ce monsieur Varin ? Que les Français soient payés comme des Chinois, sans protection sociale, sans assurance maladie ? Doit-on accepter d’entendre les inepties d’un patronat français consanguin, aux stratégies désuètes et inadaptées à la structure de la société française ? Pour mener à bien sa stratégie catastrophique, qui a mis le groupe PSA à genoux, ce X-Mines a reçu un salaire de 1,3 millions d’euros en 2011. Quand il parle de coût du travail, peut-être pense-t-il au sien ?
Les refrains qu’on entend semblent les mêmes depuis des décennies. Nous payons aujourd’hui l’absence de politique industrielle de la France depuis 10 ans, nous payons l’incompétence de notre patronat, et nous payons les divergences d’intérêts entre les actionnaires et le pays. Ce n’est pas un énième plan de sauvetage de l’automobile qui suffira à réindustrialiser la France, une nouvelle politique est nécessaire, offensive, réaliste et à contre-courant de la pensée gestionnaire qui domine nos élites aujourd’hui. Bref, on est mal barrés.
Photo JDD
3 Responses to “Philippe Varin se fout de notre gueule”
13 juillet 2012
GOUTARD DominiqueJ’en ai marre moi aussi d’entendre parler de compétitivité et de coût du travail.
Compétitivité = guerre économique, guerre qui remplace financièrement sans armes classiques la guerre ordinaire qui n’a pas cessé de par le Monde. Les blessés et les morts sont toujours les mêmes, mais avec une atrocité différente.
Coût du travail : recensons ces millionnaires à la pelle et comparons-les aux cohortes d’esclaves modernes et autres sous-smicards ! Le travail est une richesse, qui produit de la richesse. Les mouvements de capitaux produisent de l’argent réservé, pas de la richesse.
13 juillet 2012
Le Parisien LibéralIl cherche des explications la où il peut
8 janvier 2013
BourseC’est un scandale de lire de telles choses. Le coût du travail n’est pas le problème majeur.
Ayant moi même travaillé 5 ans à PSA Poissy, j’ai pu constater une « sur-embauche » pour certains postes (ex: 3 personnes à aller voir pour faire signer une convention de stage pour un stagiaires).
En effet, la restructuration était indispensable. Mais pas pour les bonnes raisons.
Cordialement,
Kim