Jadis, on disait que le protectionnisme, c’était la guerre, qu’il a semé les graines des grandes guerres qui ont secoué notre continent au XXème siècle, repli sur soi qui entraîne à terme la paupérisation de la société qui le pratique. A contrario, le libre-échange est toujours considéré comme un concept positif, symbole de paix et d’échange.
Pourtant, la valse des licenciements que nous connaissons, le retour de l’éternel débat sur le coût du travail, les délocalisations qui désindustrialisent le pays nous interpellent tous : quelles solutions apporter aux problèmes qui secouent notre pays ?
Porter le coût du travail comme une problématique centrale est se tromper de combat : pour faire face à la concurrence internationale née du libre-échange, nos entreprises ont dû s’adapter, souvent s’installer dans les pays où la main d’œuvre est la moins chère, afin de lutter à armes égales avec leurs concurrents. Une main d’œuvre peu chère ayant apporté de l’activité aux pays qui la pratiquent, les esprits binaires qui dirigent nos entreprises se précipitent vers la rhétorique : « baissez notre coût du travail, et nous produiront en France ». Mais cela signifierait aligner l’ensemble des salaires sur les plus bas de nos compétiteurs internationaux, et ne résoudrait aucun problème : nos voisins feraient rapidement de même, nous faisant vite perdre notre avantage compétitif, et notre consommation intérieure s’effondrerait par une chute brutale du pouvoir d’achat.
Après des décennies de libre-échange, un constat s’invite de plus en plus dans les débats : le libre-échange a remplacé la guerre armée par une guerre économique mondiale, dont les soldats sont les travailleurs, chair à canon de nos chaînes de production, la valeur travail remplaçant le sens du sacrifice pour la nation. « Travaillez, tuez-vous à la tâche, trimez, et mourrez jeunes, la Nation vous sera reconnaissante ».
Ni le libre-échange, ni le protectionnisme ne sont des alternatives viables pour un pays comme le nôtre qui a un besoin vital d’une industrie forte et de commerce international. Le salut réside peut-être dans une politique industrielle volontariste et active de la part de l’État, c’est-à-dire la mise en commun de nos richesses pour fonder une industrie conquérante, reconnue et protégée du dumping écologique et social de nos concurrents.
Le compromis ? Un libre-échange entre nations respectant un corpus de règles sociales et environnementales.
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