Bien mal en point, l’UMP s’envisage un allié de circonstance, lui trouvant moult qualités, lui inventant une respectabilité nouvelle qu’il aurait conquis en se débarrassant de son ancien chef trop infréquentable – toujours président d’honneur, rappelons-le. On a même entendu répéter certains candidats en sursis que le Front national partage des convictions communes, des valeurs communes avec le parti de Jean-François Copé.
Il est bien loin le temps où, Jacques Chirac (le 23 avril 2002), prononçait les mots suivants :
Je m’oppose avec détermination à ceux qui ne respectent pas les valeurs humanistes et la vocation universelle de la France.
Je m’oppose avec détermination à ceux qui brandissent la menace de la rue, qui agitent les spectres de la force brute, de l’irrationnel et du mépris.
La République ne transige pas quand il en va de l’essentiel, quand il en va de l’esprit et du cœur de notre pays.
La République ne transige pas quand l’âme même du peuple français est en question.
Ce combat est le combat de toute ma vie. C’est un combat moral.
Je ne peux pas accepter la banalisation de l’intolérance et de la haine.
Face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible.
Il faut avoir le courage de ses convictions, la constance de ses engagements. Pas plus que je n’ai accepté dans le passé d’alliance avec le Front National, quel qu’en soit le prix politique, je n’accepterai demain de débat avec son représentant.
Depuis, il semble que l’anosognosie a frappé aussi bien l’ancien Chef de l’État que son parti, l’UMP. Nicolas Sarkozy aura été comme une injection d’héroïne dans les veines de la droite française : pour une année d’état de grâce, 2007, elle aura été bousillée à tout jamais. Sa stratégie de très court terme visant à siphonner les voix du FN en lui donnant raison n’aura marché que quelques mois. Dès lors que les électeurs contestataires se sont rendus compte qu’il y avait tromperie sur la marchandise, ils sont retournés au bercail, emportant avec eux tous ceux qui, tentés par l’extrême droite, n’y allaient pas de peur de devenir infréquentables.
Mais le FN d’aujourd’hui est toujours aussi nauséabond, il n’a pas changé. Ses propositions sont toujours aussi hallucinantes, et comble de l’ironie, le social-nationalisme proposé par les ouailles de Marine est bien plus éloigné des idées de l’UMP que le sont celles du PS : sortie de l’euro, corporatisme exacerbé, explosion de la dette, protectionnisme de guerre avec tout ce que cela entraîne mettront bien plus rapidement la France à genoux que n’importe quel gouvernement socialiste.
Oui, chers amis de droite, lorsque vous votez pour un candidat du Front national, en plus de tout ce qu’il transporte comme haine, comme volonté de ségrégation des Français les uns des autres, vous votez aussi pour un programme économique que vous abhorrez.
Les épreuves du passé ont montré que, lorsque la droite modérée ouvre sa porte à l’extrême-droite, elle laisse entrer un loup dans son poulailler. Marine Le Pen n’a qu’une envie : devenir la chef de la droite, et un jour, à ce petit jeu, elle y arrivera. Et, lorsque la droite reviendra au pouvoir, ce sera elle qui gouvernera le pays. Avec tout ce que cela implique.
2 Responses to “L’UMP frappée elle-aussi d’anosognosie ?”
14 juin 2012
joanAh, Chirac, ce grand comédien dont l’attachement aux valeurs de la République n’a pas empêché de livrer à de menues prévarications dont il a été reconnu coupable. Et encore, nous ne savons pas tout.
15 juin 2012
Le Parisien Liberalvous avez à 100% raison. Il manque juste la critique, symétrique, du Front de Gauche.