Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, et bien d’autres : ils ont tous, à un moment ou à un autre de cette campagne, affirmé pêle-mêle que la France se désindustrialisait faute de compétitivité, et que la solution, outre la baisse du coût du travail, consistait à miser sur la haute technologie et l’industrie à forte valeur ajoutée, seuls moyens de concurrencer le reste du monde.
La dernière application en date de cette idéologie s’appelle « TVA sociale » : en échange d’une hausse de la TVA, le gouvernement propose aux entreprises une baisse des cotisations patronales d’un ou deux points afin de faire baisser le coût du travail. De ce fait, les entreprises françaises pourraient embaucher plus, baisser leurs prix et utiliser ces nouveaux bénéfices pour investir.
Le souci c’est que tout cela ne tient pas une seconde : le coût du travail en France est assez proche de celui de ses voisins européens, et bien plus élevé que dans les pays émergeants comme le Brésil, l’Inde ou la Chine. La différence est si grande qu’il est totalement inutile de se battre sur ce critère, nous perdrions à coup sûr, sauf à diviser le SMIC par cinq. Or, on le voit en Grèce, au-delà de l’effet catastrophique sur la population française, diminuer le revenu de toute une population affaiblit le pays et fait s’effondrer son économie.
Ensuite, on ne peut pas tout miser sur la haute technologie : ceux qui disent cela vivent encore au siècle dernier. Non seulement, c’est ignorer totalement que les pays émergeants et les pays d’Europe de l’Est accueillent de plus en plus des centres de recherche, des ingénieurs hautement qualifiés et des universités prestigieuses : la croyance en une Chine atelier n’est plus qu’une image d’Épinal.
Nos pays occidentaux ont besoin d’industrie, simplement parce que toute la population ne peut pas devenir ingénieur ou cadre : il faut donner du travail à tout le monde et cela passe par des métiers manuels. Nous avons un savoir-faire industriel séculaire que nous sommes en train de dilapider. Seule une réelle politique industrielle, un accroissement des revenus, et un peu de protectionnisme intelligent pourront contrecarrer le déclin de notre pays.
1 réponse to “Le mythe de la Chine atelier”
27 février 2012
gauchedecombat« toute la population ne peut pas devenir ingénieur ou cadre : il faut donner du travail à tout le monde »… Parole de bon sens que je voudrais voir davantage partagée, plutôt que de jeter l’anathème sur de prétendus assistés. Il y en a certes, mais la plupart souffrent de ne pas avoir de travail, et j(en sais quelque chose, moi qui ai si souvent accompagné des demandeurs d’emploi… Quand je n’ai pas été au chômage moi même. C’est pourquoi je jugerai les candidats à l’aune de ce qu’ils proposent en termes de lutte contre le chômage. Et dire que je ne suis pas très convaincu par la plupart est un euphémisme. 40 ans qu’on nous bassine avec le retour de la croissance, 30 ans que le chômage est à 10 %, faut arrêter avec cette supercherie. Un autre monde est possible, mais pas avec de vieilles recettes.