Le libre échange a tant été vanté ces dernières années, jusque dans les salles de classe, qu’on en est venu à le considérer comme une évolution logique et irrémédiable du commerce entre les États.
Il est vrai qu’intrinsèquement commercer sans barrières ni taxes est une bonne chose qui va vers plus de paix dans le monde, plus d’échanges et de partage. Et ce d’autant que le protectionnisme a été largement rendu responsable de la crise de 1929. Mais faut-il pour autant s’arrêter là et laisser Édouard Balladur signer les yeux fermés les accords du GATT ? Quoi, c’est déjà fait ? Grumph…
Si le libre échange, sous entendu du commerce international, a un bon fond, il ne faut pas oublier ses effets souvent dévastateurs. C’est un peu comme si vous imaginiez supprimer dans un pays la police pour faire baisser la criminalité : très rapidement, ce sont les plus forts qui prennent les rênes. Pour le libre échange, c’est pareil : très rapidement, les plus forts, c’est-à-dire les grandes entreprises, se sont rendu compte qu’il était tout à fait profitable de faire fabriquer leur marchandise là où les gens étaient payés le moins pour les vendre là où ils sont payés le plus. Ainsi, la balance commerciale des pays occidentaux s’est dégradée au point de présenter un déficit abyssal pour nombre d’entre eux.
La deuxième conséquence dommageable pour les pays occidentaux est d’avoir vu leurs classes populaires subir une très forte pression pour que leurs coûts horaires soient le plus bas possible, dans un réel chantage à la délocalisation : les référendums d’entreprise pour choisir entre les RTT et l’activité se sont multipliés dans les années 2000. En fait, la principale conséquence de la mondialisation est d’avoir mutualisé les inégalités au monde entier : le niveau de revenu des moins riches des pays riches tend à rejoindre celui des moins riches des pays pauvres. De l’autre côté de l’échelle, le niveau de revenu des plus riches des pays pauvres tend à rejoindre celui des plus riches des pays riches, l’échelle d’inégalités devenant peu à peu la même partout.
Il semble donc stratégique pour les populations des pays occidentaux de refaire venir la police, c’est-à-dire de réintroduire des contrôles dans les échanges commerciaux internationaux pour qu’ils ne soient non plus libres, mais justes. Le protectionnisme, ou la démondialisation, appelons ça comme on veut, a de l’avenir.
4 Responses to “Protect me from what I want!”
8 octobre 2011
danslesnuagesDonc si je suis ton raisonnement à la lettre:
1- on met un truc en place qui semble sympa et aller dans le bon sens; le libre échange.
2- on s’aperçoit qu’il y a un effet pervers : les délocalisations
3- on applique la méthode simpliste qui consiste à revenir en arrière ?
8 octobre 2011
CustinEt si on réfléchit cinq minutes on peut aussi faire ça intelligemment oui.
8 octobre 2011
MHPAmerci pour l’analyse, vu comme ça, ça parait très clair et on voit bien dans quoi la « marche du monde » s’est vite engouffrée.
10 octobre 2011
TassinEh oui, à contrario de ceux qui nous le présente comme une liberté apportant la paix dans le monde, le libre-échange c’est la guerre économique des peuples les uns contre les autres!