Une fois n’est pas coutume, nous partirons d’un philosophe grec pour étayer notre thèse. Platon aurait dit il y a quelques milliers d’années la chose suivante (en grec, évidemment) : « Les gens de bien ne veulent gouverner ni pour les richesses, ni pour les honneurs. » La soif de pouvoir amène des gens pas forcément tout à fait bien intentionnés à la tête des États, et il en est très peu qui, une fois installés, souhaitent rapidement déguerpir.
Tout ça pour résumer que, comme Platon, je pense que nous serions mieux gouvernés si c’était par des personnes n’ayant pas forcément envie de le faire. Premièrement, n’ayant pas envie du pouvoir, elles ne chercheraient pas à le garder, promptes à s’en débarrasser le plus vite possible. Ainsi, dès que le peuple en serait mécontent, elles ne se feraient pas prier pour laisser leur place à un autre.
Pour que l’opération soit efficace, il faut ensuite que l’élu qui n’a pas envie de l’être soit un bon élu. Ça commence par être honnête. Pourquoi des personnes sont-elles amenées à vouloir le pouvoir ? Soit par orgueil, soit par appât du gain. Quelqu’un qui ne veut pas le pouvoir, au contraire, a de grandes chances de ne pas avoir ces deux défauts. On éviterait donc, certes pas à chaque fois, mais souvent, les enrichissements personnels, les abus de pouvoir, de position dominante, et les fameux conflits d’intérêts.
Après, tout cela ne garantit pas que la personne en question soit efficace et compétente, mais ça enlève quand-même pas mal de biais et de distraction au gouvernant. On parle de conquête du pouvoir encore aujourd’hui dans nos sociétés démocratiques alors que le pouvoir appartient en théorie au peuple qui l’exerce via ses représentants. Nous ne devrions donc pas avoir d’élus ayant conquis un pouvoir qui ne leur appartient pas. Choisissons nos représentants de telle sorte que nous n’en soyons pas déçus. Élisons des gens qui ne le veulent pas : ils s’acquitteront de leur tâche quand-même, sans avoir besoin de faire des promesses intenables, sans vouloir flatter les extrêmes, sans vouloir dire tout haut ce que les gens pensent tout bas.
En 1995, Jacques Delors, plébiscité par les Français, n’a pas voulu de la Présidence. Il est dit aujourd’hui que sa fille n’est pas non-plus franchement enchantée à cette idée… À méditer !
3 Responses to “Mettons au pouvoir ceux qui n’en veulent pas !”
16 juillet 2011
tenykely[…] beau jour, je suis tombée sur un très bon article de Custin d’Astrée, Mettons au pouvoir ceux qui n’en veulent pas ! qui m’a longuement fait réfléchir. En effet, ceux qui se battent tant pour accéder au […]
29 avril 2013
AmanKinoLe tirage au sort correspond parfaitement.
Pour plus de precision sur le sujet il y a une exelente conférence d’Etienne Chouard.
15 mai 2013
J-F PochonEh ! C’est ce qu’on fait en suisse…
Quand un type (C. Blocher pour ne pas le citer) voyait les choses en grand, se foutait des institutions et foulait au pieds ceux qui pouvaient constituer le moindre contre-pouvoir.
Et voilà-t-y pas qu’on le jette dehors et que l’on met à sa place une Femme qui n’était pas du tout venue à Berne pour ça ce jour-là.
Le fin mot de tout cela ?
Le parti du Monsieur nous fait voter tout bientôt… l’élection de nos conseillés fédéraux par le peuple (telllleeemmment plus éclairé, mais surtout plus manipulable qu’une assemblée fédérale.)
Nous vivons une époque moderne, où le progrès fait rage…