Puisque l’heure est à l’étalage de belles voitures et aux remarques outrées, voilà une voiture qui a fait beaucoup plus de mal que la Porsche de l’ami de Monsieur Strauss-Kahn. Permettez-donc moi ce coup de gueule, je n’en donne pas beaucoup.
Il y a quelques mois, dans la société d’un ami, et comme chaque année depuis la crise, la direction nous a annoncé que les augmentations seraient limitées à la stricte application de l’inflation, elle-même calculée selon des critères très stricts. Grosso modo, les diverses primes sont gelées, les augmentations limitées à leur strict minimum – c’est-à-dire quasiment rien – et on demande beaucoup d’efforts à tous les employés pour deux raisons clairement affichées.
Première raison : l’entreprise évoluant à l’international, doit faire face à la compétition de plus en plus dure des pays émergents. Il serait donc de très mauvais ton que les ouvriers français soient trop exigeants sur les salaires : le patron n’a aucune envie de délocaliser en Chine, mais s’il doit s’y résoudre la mort dans l’âme pour sauver la boîte, il prendra ses responsabilités.
Deuxième raison : c’est la crise, et il faut faire des économies auxquelles tout le monde doit participer. Cela dit, tout le monde se souvient qu’après la précédente crise où des sacrifices immenses avaient dû être faits, aucune récompense n’avait été prévue pour les employés lorsque les bénéfices sont revenus. L’essentiel des gains réalisés avait d’ailleurs été englouti dans le paiement des dividendes, elles-aussi gelées le temps d’une année.
En ayant conscience de tout cela, le directeur général, certainement mal conseillé et en tous cas fortement maladroit, s’est mis en tête d’arriver le matin avec sa voiture personnelle. Il a pourtant une voiture de fonction payée par la société – une 607 avec chauffeur – mais j’avoue que la sienne est mieux : une belle et rutilante Aston Martin.
Loin de moi l’idée de lui interdire d’avoir une superbe bagnole : chacun fait ce qu’il veut de son argent. Je parle de message : comment expliquer que la masse salariale, les frais généraux et les primes soient pressurisées depuis 2008, à des employés qui travaillent de plus en plus, en étalant sous la fenêtre de leur bureau une richesse qui leur sera à jamais inaccessible ? Les dirigeants de groupes privés aussi ont un rôle social.
2 Responses to “Belles carrosseries et gros sacrifices”
10 mai 2011
Romain / VariaeMouais … logique un peu dangereuse si on la pousse à son terme. Disons que nous traversons une de ces périodes où l’appauvrissement, réel ou perçu, augmente l’aigreur entre les individus. Sentiment dangereux avec lequel il ne faut pas jouer.
10 mai 2011
CustinC’est en effet parc ce genre d’excès que la colère peut exploser.