Je suis convaincu que la plupart de nos actes sont déterminés par le profit qu’on peut en retirer. L’intérêt guide nos actions, et ceci est généralisable à une société. Quoi que nous fassions, même par amour, est dans l’attente consciente ou inconsciente d’un profit ou d’un juste retour. Je ne vais pas m’étendre là-dessus, de grands noms comme Mauss, Dérida, Richard ou Beigbeider y ont plus réfléchi que je ne pourrai le faire en une vie.
Alors pourquoi se borne-t-on à vouloir bâtir une société sur l’amour, le désintérêt, le don, le partage ? Tout programme politique basé sur l’intérêt et le bonheur collectif aura toujours un temps de retard sur un projet présenté de manière didactique, basé sur les intérêts à court terme de la cible électorale, et présentant un bénéfice immédiat.
Porter une vision constructive de la société est la chose la plus difficile en politique. Le populiste gagnera toujours : il a avec lui le simplisme, faux par essence, mais facilement compréhensible par les masses. L’ouvrier et le cadre licenciés comprendront facilement un argument binaire de type « c’est l’immigré qui prend ton emploi ». L’homme politique malhonnête qui portera cet argument aura toutes les chances de gagner. En étant moins extrême, la droite remporte elle-aussi plus souvent les élections que la gauche, car elle a cet argument simpliste qui veut que les choses iront mieux lorsqu’on sera, au choix, plus sévère avec les délinquants, moins chers avec notre main d’œuvre, ou moins intrusifs avec l’impôt.
Aujourd’hui, dans le monde, la gauche ne gagne en général plus par adhésion, mais par alternance. Là où il peut sembler y avoir adhésion, il y a en fait une forme gauchiste du simplisme (Venezuela). Alors qu’il y a vingt ans encore elle pouvait surfer sur une lutte des classes facilement compréhensible – elle ne peut plus aujourd’hui expliquer son projet de manière simple. Elle doit convaincre, démontrer, et se heurtera toujours à l’argumentaire superficiel.
Le salut de notre société face au risque cyclique du populisme passe donc par une nouvelle voie. Puisqu’il est impossible de se battre avec les armes de l’adversaire, il faut porter le combat à un autre niveau, là où les orientations ne sont pas prises par des élus représentatifs, mais par le peuple lui-même, sans intermédiaire.
1 réponse to “Le vain combat contre le simplisme”
15 novembre 2011
Raison Vs Passion[…] pour cette raison que j’avais déjà pu expliquer la facilité avec laquelle la droite, en ce début de siècle, pouvait exposer à un électorat réceptif des […]