D’un point de vue totalement objectif, il s’avère que (les lecteurs habituels de ce blog auront pu le remarquer) je suis de sensibilité politique plutôt centre-gauche. C’est à vrai dire à mon grand désarroi, car cet espace politique est profondément délaissé par l’ensemble des partis.
C’est pour ça que la sortie de Jean-Louis Borloo et du Parti Radical de l’UMP me laisse sceptique. Il ne faut pas se faire d’illusion sur l’issue de tout ça : à la fin, le centriste revient toujours dans l’escarcelle de la droite. Le seul à avoir réellement résisté c’est François Bayrou, et il faut lui rendre hommage là-dessus. Mais même pour lui, l’appel du pied devient de plus en plus tentant. J’ai en effet pu constater quelques aménagement dans les propositions programmatiques du Modem qui, par rapport à 2007, c’est largement libéralisé et qui a perdu ce qui faisait pour moi son attrait : l’audace.
Que va-t-il se passer ? Dans le meilleur des cas, le centre va se mettre d’accord, fonder une grande fédération centriste du Modem au Parti Radical. Et après ? Ne vous inquiétez pas, ils ne vont jamais s’allier avec le PS : ceux qui suivent Borloo ont été au pouvoir de 2002 à 2007 lorsque Jacques Chirac était Président. Ne vous fiez pas aux annonces programmatiques courageuses : elles ne verront pas le jour, pas plus qu’elle n’ont vu le jour sous Raffarin et Villepin.
Scénario béni pour le centre : son candidat arrive devant Nicolas Sarkozy en 2007. Deux conséquences : la première, on a de grandes chances d’avoir par la même occasion un second tour PS/FN. Deuxième conséquence : le centre sera dans l’opposition jusqu’en 2019. Scénario catastrophe : le candidat du centre fait un flop, Nicolas Sarkozy est élu. Je vous parie ce que vous voulez qu’ils se rallieront tous à lui, redeviendront ministres et continueront à mener leur petit train de vie qui leur va si bien.
Pour résumer : le centre a les meilleures idées, mais les moins courageux des politiques. Cette tendance de fond dans la Vème République aurait pu s’arrêter si le Modem avait percé, mais malheureusement pour lui son électorat s’est détourné pour ce qui constitue aujourd’hui peut-être le vrai parti de centre gauche : Europe Écologie – Les Verts. À surveiller !
[EDIT 12/04/2011]
Le bon Jean-Louis Borloo vient juste de se décrédibiliser totalement en applaudissant à l’appel à l’unité de François Fillon sur les bancs du groupe UMP à l’Assemblée nationale. Plus personne ne doute désormais de ses intentions pour 2012.
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