Si chacun s’est demandé si les révolutions arabes pouvaient être transposées en France, peu se sont demandé si nous pouvions nous-aussi expérimenter la révolution qu’a connue l’Islande.
Si le monde arabe a fait la une des journaux pendant des semaines, la dernière fois que l’Islande l’a fait c’était pour une sombre histoire de nuage volcanique. Et depuis, celui-ci s’est éclipsé derrière un autre nuage, radioactif.
Eh bien figurez-vous que suite à la crise financière mondiale, ce petit pays de l’Atlantique-Nord a tour-à-tour dégagé son gouvernement de droite jugé responsable de la violence de la crise, élu une majorité de gauche qui s’est avérée incapable de ne pas décevoir son peuple, rejeté un règlement européen de la dette islandaise qui aurait coûté très cher au contribuable, et forcé le pouvoir à convoquer une assemblée constituante.
Qu’une constituante d’origine populaire ait lieu en Europe est assez rare. En France, peu de partis la réclament. À vrai dire je vois mal comment elle pourrait émaner des partis en place. Ceux qui réclament un changement de régime sont en général ceux qui n’ont aucune chance de gagner les élections, et qui donc ont le moins de chances de pouvoir imposer ce changement. La Constitution de la Vème République est bien trop confortable pour nos gouvernants. Même le Modem de François Bayrou, qui en 2007 proposait une nouvelle République, a aujourd’hui fait marche arrière et ne souhaite plus que quelques aménagements.
Alors tout ça ne peut que venir du peuple. Je suis quelqu’un d’assez optimiste en général, mais là je n’y crois pas trop. En prenant la température autour de moi vient une évidence : pour bien du monde, ce n’est pas le régime politique qui va changer les choses, puisque nous retrouverions ceux qui nous gouvernent déjà.
C’est là la principale différence entre la France et l’Islande : nos amis nordiques se sont retrouvés face à des gouvernants qui avaient malgré tout le sens des responsabilités. Leur gouvernement de droite impopulaire a démissionné sans trop attendre, et la nouvelle majorité de gauche a réagi promptement au mécontentement populaire en convoquant cette constituante. En France, les partis au pouvoir ont tendance, depuis la 1ère cohabitation de 1986, à s’accrocher au pouvoir jusqu’au bout. Si nous étions en Islande, Nicolas Sarkozy aurait déjà démissionné il ya bien longtemps.
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