Je me rappelle qu’il y a bien longtemps déjà – c’était au collège – la prof de français avait demandé à toute la classe de d’écrire un texte sur un défaut. Nous avions deux heures pour cela, et nous devions remplir quelques pages.

Alors j’ai longuement réfléchi. Qu’est-ce que je pourrais bien dire ? Surtout, qu’est-ce que je pourrais bien trouver comme défaut auquel les autres ne penseront pas ? Je voulais faire preuve d’originalité. J’ai même un peu trop réfléchi, l’heure tournait, et ma dissertation commençait à sentir le pas fini. Mon esprit vagabondait dans les souvenirs récents – ce que j’avais bien pu voir à la télé la veille, mes dernières lectures… Et puis la lumière est venue : en me remémorant ces petites marionnettes s’agiter le soir sur Canal +, je me suis dit que la soif de pouvoir était un bien vilain défaut.

Comment parler de la soif de pouvoir dans une dissertation ? Oh, la prof n’avait pas vraiment précisé les modalités, on n’était pas encore habitué à ce genre d’exercice stéréotypé où un plan était imposé, où une méthodologie était dictée. Alors j’ai pris ma plus libre plume, et j’ai écrit une histoire, j’ai romancé la dissertation à la première personne !

Le pire c’est que je ne me souviens pas de la note que j’ai eue. Mais quelques années plus tard, me remémorant cet épisode, et étant dans ma phase « poèmes », me vint ceci :

Ferme les yeux, ainsi le regard est neuf.

Voilà. Ainsi, tu peux voir au plus profond,
Connaître la réponse à toutes tes questions,
Percer les mystères les plus enfouis,
Devenir l’être le plus épanoui.

 

Tu auras aussi les moyens de tes ambitions,
Tu gagneras et tu triompheras,
Aucun devant toi ne se tiendra,
Pour toi ce sera la consécration.

 

Mais avant cela, il faut que tu saches !
Oh, ne t’en fais pas, très peu il t’en coûtera
Trois fois rien, mille fois rien, rassure-toi !
Un seul petit détail libèrera ton panache.

 

 

Celui-ci se tient au fond te ta pensée,
Il ne te sert que très rarement,
Tu ne le connais que partiellement,
Il te sera aisé de t’en débarrasser.

Ton âme.