Non, il ne s’agit pas de notre célèbre ami évincé de Fort Boyard en 2010, mais de toutes ces petites choses inutiles qui nous aident à passer le temps quand, disons-le, on se fait chier. Inutiles car totalement improductifs, les passe-temps ont connu une évolution continue dans l’histoire récente. Longtemps réservés aux artisans, voire complètement immatériels, ils sont aujourd’hui un business qui rapporte des millions.
À l’origine il y avait les jeux simples : morpion, le pendu, et tous ces mini casse-têtes auxquels on pouvait jouer avec une simple feuille de papier et un crayon. Nos aînés étaient d’indéniables petits génies dans la mise au point et la perpétuation de ces petits jeux. On les comprend : sans télé, sans ordinateur, sans toutes ces petites choses magiques qui nous semblent bien indispensables aujourd’hui, ils n’avaient d’autre choix pour éviter de mourir d’ennui que de jouer avec les moyens du bord. Les seules alternatives étaient la lecture, jouer avec le clébard, ou le sexe.
Les passe-temps sont donc, à cette époque, rudimentaires et totalement hors du commerce. Point de blé à se faire sur le dos de l’ennui, mais ça ne va pas durer. En 1974, le business fait son apparition de manière fracassante avec le Rubik’s cube. Un succès mondial et immédiat permet à Monsieur Rubik de devenir rapidement millionnaire. Dès lors, engouffrée dans la brèche, la pieuvre mercantile a compris que son avenir était là où les gens s’emmerdent.
Les passe-temps sont devenus de plus en plus sophistiqués, donnant l’illusion à leurs propriétaires qu’ils ont fait l’acquisition d’un objet utile. Non, pas utile. Que dis-je, indispensable ! (du genre « mais comment faisait-on avant ma p’tite dame ? »). Désormais, on passe son temps sur Facebook, sur son iPhone, son iPad, sur Twitter. Mais attention, tout n’est pas sans ambigüité. « Je vous dis que ce n’est pas inutile puisqu’il y a des gens qui travaillent sur ces outils. » Oui, « outils », ils ont osé utiliser le mot « outil » pour désigner ce gouffre à temps, ce destructeur de productivité qu’est Facebook. Patrons de tous pays, unissez-vous ! Le business que vous défendez a fait de vos employés des salariés inféconds !
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