Dans son indignation à succès, Stéphane Hessel d’étonne avec malice d’un discours ambiant de nos dirigeants : celui selon lequel nous n’aurions plus aujourd’hui les moyens de financer nos couvertures sociales, qui seraient un vestige d’une époque glorieuse où nous aurions vécu au-dessus de notre budget. Selon Hessel, en effet, la retraite et la sécurité sociale ont été créées à une époque où « l’Europe était ruinée ». Depuis, « la production des richesses a considérablement augmenté » argue-t-il dans son essai. Alors pourquoi remettre en cause des mesures sous prétexte de financement alors qu’en des temps bien plus dur cela ne posait pas de problème ?
Les réponses à ces interrogations sont bien trop complexes pour tenir dans les 365 mots qu’autorise ce blog. Répartition des richesses, priorités de financement, comportement des puissances de l’argent pourraient être des axes de réflexion. Mais voici également un point de vue sur l’attitude de nos dirigeants et sur nos politiques économiques sous l’angle historique.
Le monde politique serait rempli de gens présentant deux types de caractères : d’un côté ceux pour qui l’intérêt commun prime, et que j’appellerais les altruistes ; et de l’autre des gens avides de pouvoir, individualistes, qui, une fois élus, défendent principalement leurs propres intérêts et les intérêts de ceux qui les servent, que j’appellerais opportunistes. Les actions des premiers ont pour but d’améliorer le sort des gens, alors que les actions des seconds accentuent mécaniquement le caractère inégalitaire de nos sociétés.
Théorisons un peu. De quel côté se sont rangés les opportunistes lors de la débâcle de 1940 ? Ces gens-là, pas forcément idéologisés, n’avaient peut-être pas d’avis sur l’Allemagne nazie, mais celle-ci avait de son côté à l’époque tous les pronostics. Il était donc logique pour des personnes recherchant le pouvoir de se ranger du côté des plus forts. Ces mêmes gens, identifiés à l’occupant à la Libération, se sont trouvés quasiment tous exclus du paysage politique national. Ne restaient durant une génération plus que des hommes ayant une conscience de l’intérêt général. Ce sont eux qui ont mis en place et fait perdurer les piliers de notre état providence. Cette population politique a été depuis progressivement remplacée par une nouvelle génération d’opportunistes…
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